De 1985 à 1989, il assure la programmation de la Maison de la Culture de La Louvière au titre de co-directeur puis directeur. Une nouvelle occasion de valoriser des artistes québécois tant dans les domaines du théâtre et de la danse, que de la chanson. A travers deux festivals (Jeune Théâtre à Liège et Francophonies à Limoges), il découvre Omnibus, Carbone 14, Ubu, La Veillée... puis le Théâtre Repère et de nombreux auteurs dramatiques québécois avec lesquels il noue des contacts privilégiés grâce d'une part à la Délégation générale du Québec à Bruxelles, d'autre part aux Services culturels des Ambassades du Canada à Bruxelles et Paris : Michel Garneau, Marie Laberge, Suzanne Lebeau, Michel-Marc Bouchard, René Gingras.
On le retrouve notamment parmi les invités de la première édition du CINARS à Montréal, du Festival du Théâtre des Amériques (puis du Festival Trans-Amérique), de la Quinzaine théâtrale (puis du Carrefour international) de Québec, et de sessions successives des "20 jours de théâtre à risque" durant lesquelles il intervient à plusieurs reprises. Grâce à cette présence régulière au Québec, mais aussi aux nombreux contacts avec le Centre (d'Essai) des Auteurs Dramatiques et les professeurs de l'Ecole Nationale de Théâtre du Canada à Montréal, il affine sa connaissance du théâtre québécois contemporain - en particulier des nouvelles écritures dramatiques - de sorte qu'il sera longtemps considéré comme un des spécialistes belge en la matière.
Son action auprès des jeunes
De 1985 à 2012, il dirige également l'association théâtre-éducation belge francophone, "Promotion Théâtre", qui tente avant tout de sensibiliser les jeunes au théâtre, en particulier aux écritures contemporaines. Détaché par la Province de Hainaut, son employeur principal, à la direction de cette association interprovinciale, il l'inscrit rapidement dans une mouvance internationale, notamment dans le cadre des projets de l'Agence Québec-Wallonie pour la Jeunesse. Durant de longues années, il joue un rôle moteur dans la préparation et la concrétisation sur le terrain d'accueils de jeunes Québécois en Belgique et de jeunes Belges au Québec. Il sera ainsi notamment le partenaire de l'association CEGEPS en Spectacle pour les festivités de son 10e anniversaire et organisera ensuite plusieurs tournées dans les écoles et centres culturels wallons des troupes théâtrales de CEGEPS tels ceux de Shawinighan, Saint-Hyacinthe, Montréal, etc.
Son action dans le domaine de la littérature de jeunesse
Dès 1975, son intérêt premier en tant qu'instituteur pour la lecture et le livre de jeunesse (ainsi que ses nombreuses actions de formation et de sensibilisation des parents, des enseignants, des bibliothécaires...) l'amène progressivement à s'intéresser à la production québécoise et à la défendre lors de conférences, de cours spécialisés ou dans des articles de presse. Là aussi, il sera longtemps considéré comme un des spécialistes en la matière et invité à témoigner comme tel.
Président du jury du Prix Québec/Wallonie-Bruxelles de littérature de jeunesse de 1987 à 2001, il participe non seulement à plusieurs phases de réactualisation de ce prix, mais en assure également le suivi - en accord avec les pouvoirs publics et les éditeurs concernés - et organise notamment la promotion en Belgique des lauréats québécois tels que Stéphane Poulin (avec les éditions Labor), Dominique Demers, Jacques Lazure, Christiane Duchesne... avant de participer à plusieurs autres opérations d'envergure valorisant la littérature de jeunesse québécoise à Bruxelles et en Wallonie, occasions de faire découvrir d'autres auteurs tels Michèle Marineau (qui obtiendra le prix bien plus tard), François Gravel, Marc Laberge, etc.
Constatant la difficulté de trouver en Belgique les ouvrages de ces auteurs au moment où les jeunes (et surtout les enseignants) commencent à être convaincus de leur intérêt, sa structure éditoriale prend progressivement en distribution quatre maisons d'édition majeures : Québec Amérique, Les 400 Coups, Dominique et Cie et Pierre Tisseyre. Hélas, si les résultats culturels sont évidents, les coûts de cette distribution - et l'absence de soutien financier - finiront par avoir raison de son enthousiasme.
Ces actions lui vaudront cependant, en 2007, le "Prix Libbylit Spécial" à titre de reconnaissance pour l'ensemble de son investissement dans la promotion de la lecture et du livre de jeunesse.
L'éditeur Lansman
Fin 1989, Emile Lansman fonde avec son épouse sa propre maison d'édition (Lansman Editeur) qui se consacre essentiellement au théâtre. En vingt-quatre ans, il publiera - à côté d'une cinquantaine d'études et essais significatifs - plus de 2.200 pièces d'auteurs francophones (peu connus au départ) d'Europe, d'Amérique du Nord et d'Afrique, la plupart du temps sans projet de création au moment de leur parution. Avec une certaine réussite puisqu'il sera notamment le premier à éditer en français, dès 1992, le théâtre de Gao Xingjian, Prix Nobel 2000 de littérature.
Dès le départ, il fait confiance à des jeunes auteurs québécois, tels que Jean-Rock Gaudreault - alors étudiant à l'Ecole Nationale de Théâtre du Canada - qu'il accueille en 1993 pour une résidence en Wallonie, organisant des lectures et rencontres autour de ses premières pièces. Suivront Dominick Parenteau-Lebeuf, Marie-Line Laplante, Nathalie Boisvert, Isabelle Hubert (en coproduction avec Dramaturges Editeurs qu'il diffusera un temps en Europe), Emma Haché, Francis Monty, Marie-Christine Lê-Huu... ainsi que quelques écrivains plus connus comme Larry Tremblay (dont il est maintenant l'unique éditeur théâtral), Abla Farhoud, René Gingras... Afin de mieux promouvoir encore ces nouvelles écritures, il rassemble certains titres dans les coffrets Théâtre québécois contemporains 1 et 2 destinés surtout à affirmer son intérêt particulier pour cette littérature dramatique, hors tout exotisme.
Il coproduit également plusieurs ouvrages avec les Editions Jeu de Montréal, leur assurant ainsi une diffusion significative en Europe : Le Monde de Michel Tremblay, L'album du théâtre Ubu, Mise en scène et jeu de l'acteur (2 volumes), etc. Il reprendra d'ailleurs une partie du fonds de cet éditeur québécois au moment de l'arrêt de ses activités.
En 2004, il sera le premier éditeur belge à voir un de ses ouvrages primés aux Prix du Gouverneur Général du Canada avec L'intimité de Emma Haché (catégorie théâtre francophone). Il permettra par ailleurs à Carole Fréchette (2004) puis Marie-Christine Lê-huu (2006) d'obtenir le Prix Sony Labou Tansi des Lycéens en publiant et défendant leurs pièces (respectivement Le collier d'Hélène et Jouliks).
Si son chemin d'éditeur a bien évidemment été perturbé, en 2004 et 2005, par la maladie puis le décès de son épouse, Annick Vandersnickt, cofondatrice de la maison d'édition, il a aujourd'hui repris de plus belle son parcours d'exploration des écritures contemporaines en ouvrant son catalogue à de nouveaux auteurs québécois tels Philippe Ducros, Marilyn Perreault, Marie-Eve Huot, Pascal Brullemans, Marcelle Dubois, Erika Tremblay-Roy....
De nouvelles missions
En 1999, le Ministère de la Culture (Arts et Lettres) de la Communauté française de Belgique lui confie la création et la gestion en tant qu'administrateur délégué du nouveau Centre des Ecritures Dramatiques Wallonie-Bruxelles. Immédiatement, ce Centre s'oriente vers des échanges avec son "grand frère" québécois - le CEAD qui fut l'un des modèles de référence dans la définition du projet du CED-WB. La première concrétisation sera l'opération "Montréal-Bruxelles" associant francophones et anglophones du Québec, francophones et néerlandophones de Belgique. Suivra la première Rencontre Internationale d'Auteurs Dramatiques (RIAD) à laquelle deux auteurs québécois seront invités.
En 2000, il est désigné comme expert belge à la Commission Internationale du Théâtre Francophone. Une nouvelle occasion de jouer les passeurs entre la Communauté française et le Québec, mais aussi plus largement entre ces deux communautés et l'Afrique noire dont il fréquente assidûment les créateurs théâtraux. Il accèdera, de 2005 à 2009, à la présidence de cette Commission (CITF). En 2013, la nouvelle association qu'il dirige, Emile&Cie, se verra attribuer une mission de coordination de la CITF afin d'assurer une meilleur visibilité et un meilleur suivi aux projets soutenus.
Il n'abandonne cependant pas ses activités de terrain, étant de plus en plus souvent sollicité pour concevoir et mener à bien, à la demande de partenaires privés et publics de divers pays, des rencontres, formations et séminaires dans divers domaines. Ainsi, c'est tout naturellement à lui que le Centre culturel canadien à Paris fera appel pour animer la soirée anniversaire des 40 ans du CEAD avec trois invités d'honneur : Marie Laberge, Michel-Marc Bouchard et Robert Claing. De même, il sera désigné par les différents partenaires français, québécois et belges pour coordonner le projet "Théâtre pour ados, paroles croisées" actuellement en cours (2007 à 2009) puis par les festivals Zones Théâtrales (Ottawa) et les Francophonies en Limousin (Limoges) pour assurer la cohérence de l'opération Les Transatlantiques.
Prolongements et reconnaissance
En quarante-six ans de carrière professionnelles, ses quatre fonctions complémentaires - journaliste/programmateur/ formateur/éditeur - lui auront permis de fréquenter les milieux théâtraux, littéraires et universitaires un peu partout en francophonie : Europe (Belgique, France, Suisse, Roumanie, Italie, Pays-Bas, Tchéquie, Pologne...), Afrique (Cameroun, Congo, Togo, Sénégal, Djibouti, Niger, Bénin, Mali, Tunisie, Burkina Faso...) et Amérique du Nord (Québec, Acadie, Louisiane...).
Ce qui lui vaudra notamment d'être honoré du titre de Chevalier puis d'Officier dans l'Ordre des Arts et des Lettres (1999 et 2005) "par la République française, reconnaissante". Un documentaire Emile Lansman, au coeur de la francophonie a été réalisé en 2002-2003 et a été diffusé tant par de nombreuses chaînes de télévision francophones que lors d'événements littéraires ou artistiques en Europe et en Afrique.
En mai 2008 à Québec, à l'initiative du Conseil des Arts et Lettres du Québec et de la Délégation Wallonie-Bruxelles à Québec, un sympathique hommage lui a été rendu par la plupart de ses auteurs canadiens, ainsi que par diverses personnalités du monde culturel et théâtral.
Le 1er septembre 2012, Emile Lansman a été admis à la retraite dans ses fonctions publiques. Il oeuvre aujourd'hui sous couvert de l'association sans but lucratif Emile&Cie qui a repris sa maison d'édition et développe parallèlement une série de partenariats culturels : conseil, consultance, conception et animation de projets "à la carte", formations, journées professionnelles dans des institutions ou festivals... notamment en collaboration avec une jeune auteure et metteure en scène québécoise, Marie-Eve Huot, dont il défend le travail en Europe.
Document établi en mars 2008 et actualisé en juillet 2013, sur base des archives des trois institutions (Promotion Théâtre, Lansman Editeur / Emile&Cie et CED-WB)